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Une mutation identifiée dans un cancer mortel de l’enfant

mardi 8 avril 2014

par Agnès Vernet

Le séquençage complet d’une tumeur cérébrale pédiatrique révèle une mutation qui n’avait encore jamais été reliée à l’oncogénèse.

Quand une équipe de recherche identifie une mutation dans un cancer, il faut souvent attendre que d’autres chercheurs reproduisent le travail pour savoir si la découverte est pertinente. Mais quand trois équipes indépendantes font la même observation, le doute n’est plus permis. Plusieurs équipes – l’Institut Gustave Roussy de Villejuif, l’Hôpital pour enfants malades de Toronto, l’Hôpital de recherche pédiatrique Saint-Jude à Memphis, aux États-Unis, l’Institut britannique de recherche sur le cancer et l’université canadienne Mc Gill à Montréal – ont identifié une mutation du gène AVCR1 dans 20 % (1), 21 % (2) et 32 % (3) des séquences de gliomes infiltrants du tronc cérébral (GITC), des tumeurs situées à la jonction du cerveau et de la moelle épinière dont le caractère diffus empêche toute résection chirurgicale. Cette mutation n’avait jamais été identifiée dans un cancer.
En parallèle, une autre équipe internationale a aussi isolé une mutation du gène AVCR1 typique d’un autre type de gliome cérébral pédiatrique (4). Ce gène code un récepteur serine/thréonine kinase et la mutation crée une activation constitutive de la voie de signalisation BMP-TGFβ – celle des protéines Smad –, impliquée notamment dans la prolifération et la différenciation cellulaire. Cette découverte génère un nouvel espoir de pouvoir enfin proposer un traitement efficace aux enfants touchés par ce cancer.
Aujourd’hui, en absence d’option pharmacologique efficace, le GITC est la première cause de mortalité par tumeur du cerveau chez l’enfant. Il touche entre 30 à 40 enfants en France chaque année, généralement âgés de 5 à 8 ans. La grande majorité d’entre eux ne survit pas au-delà de deux ans après l’établissement du diagnostic.
Une mutation du gène AVCR1 a aussi été identifiée chez les patients atteints de la maladie de l’homme de pierre, une pathologie génétique rare qui provoque une ossification progressive des muscles squelettiques et des tendons (2). Ces recherches pourraient donc aussi induire de nouveaux développements pour traiter cette pathologie.
L’équipe de Gustave Roussy a également relevé d’autres mutations liées notamment à la voie de signalisation mTOR, clé de l’homéostasie cellulaire. Ensemble, ces données participeront à élucider la mécanique de l’oncogénèse mise en jeu. Elles pourraient aussi démontrer ce que les spécialistes pressentent depuis longtemps : que les cancers pédiatriques n’obéissent pas aux mêmes règles que les tumeurs de l’adulte. Le développement de recherches spécifiques et de traitements adaptés à ces maladies particulières peut enfin commencer.

(1) Buczkowicz P et al. (2014) Nat Genet, doi:10.1038/ng.2936
(2) Taylor KR et al. (2014) Nat Genet, doi:10.1038/ng.2925
(3) Wu G et al. (2014) Nat Genet, doi:10.1038/ng.2938
(4) Fontebasso AM et al. (2014) Nat Genet, doi:10.1038/ng.2950

Gliome du tronc cérébral chez un enfant de quatre ans.
© Tdvorak via Wikimedia Commons

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