Une nouvelle fièvre mortelle

En 2009, trois personnes ont déclaré une fièvre hémorragique aiguë dans le village de Mangala, en République démocratique du Congo. Seule l’une des trois a survécu. Les trois cas sont apparus sur une période de trois semaines. La maladie est apparue brusquement, les personnes infectées souffraient de fortes fièvres, d’hémorragies des muqueuses et deux d’entre elles sont mortes en moins de trois jours. Cet épisode a alerté les autorités sanitaires présentes dans la région et un prélèvement de sérum sur le survivant a pu être étudié. Les premières analyses sur ce nouveau virus hémorragique ont été récemment publiées par un consortium international de chercheurs, au premier rang duquel on trouve Gilda Grard de l’unité des maladies virales émergentes au Centre international de recherches médicales de Franceville (Gabon) et de l’UMR Maladies infectieuses et vecteurs : écologie, génétique, évolution et contrôle situé à l’IRD de Montpellier.
Baptisé BASV, pour Bas-Congo virus, le virus a été retrouvé à une concentration de 1,09.10⁶ copie d’ARN/mL dans le prélèvement sérique, ce qui a permis son séquençage et un assemblage de novo de 98,2 % de son génome. L’analyse phylogénétique démontre que BASV est apparenté à la famille des Rhabdoviridae. Mais le lien semble tenu : il ne partage que 34 % d’identité en acides aminés avec les autres rhabdovirus connus, notamment celui de la rage. Des analyses ont permis de détecter un anticorps neutralisant contre le BASV chez le patient survivant et chez une infirmière, asymptomatique et directement en contact avec le malade. Ces deux personnes étant des professionnels de santé, les auteurs envisagent sérieusement que le BASV utilise une contagion à transmission interhumaine.
Bref, un nouveau virus potentiellement mortel a émergé.

Grard G et al. (2012) PLoS Pathog 8, e1002924

carte de la République démocratique du Congo
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