Dans la lutte contre le fléau mondial qu’est l’infection à VIH, le Graal reste le vaccin. Problème, le retors virus s’est progressivement adapté aux moyens déployés par nos défenses immunitaires et ce, dès le début de l’épidémie, dans les années 1980. Tel est un des résultats des travaux de l’unité mixte de recherche 966 de l’Inserm Morphogenèse et antigénicité du VIH et des virus des hépatites, à Tours, dirigée par Martine Braibant et Francis Barin, soutenus par l’ANRS. En analysant des virus issus de prélèvements de patients infectés de la fin des années 1980 aux années 2010, les chercheurs en sont arrivés à la conclusion que le VIH1 devient de moins en moins sensible aux anticorps neutralisants humains identifiés ces dernières années, capables de bloquer in vitro l’infection des lymphocytes T par de nombreux variants du VIH1. Anticorps qui avaient suscité un véritable espoir auprès des malades et de la communauté scientifique, qui se disait déjà prête à réaliser des essais cliniques chez l’homme. « S’il était connu qu’à l’échelle individuelle, le virus savait s’adapter et contourner les propres moyens de défense de l’individu, nos travaux confirment que la pression de sélection exercée sur le virus se répercute à l’échelle de la population », explique Martine Braibant.
Mais tout espoir n’est pas encore perdu puisque les mêmes chercheurs ont découvert que deux puissants anticorps monoclonaux neutralisants développés l’un par par le Caltech (NIH45-46G54W), l’autre par le Scripps Research Institute (PGT128), en Californie, restent capables de neutraliser in vitro les variants les plus récents du VIH1 lorsqu’ils sont associés. Et ce, à une concentration compatible avec leur utilisation chez l’homme.
Au-delà de cette découverte majeure, ces travaux appuient l’impérieuse nécessité d’une surveillance de l’évolution de la sensibilité des variants du VIH1 aux différents anticorps neutralisants décelés par la recherche. La possibilité d’un vaccin préventif reste donc toujours d’actualité.
Bouvin-Pley M et al. (2013) PLoS Pathog 9(7), e1003477
Source : Inserm
Image au microscope électronique à balayage d’un lymphocyte T (en bleu) infecté par des particules virales du VIH (en jaune).
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