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Zika, une menace croissante

mardi 12 janvier 2016

par Agnès Vernet

Rapide expansion géographique, association avec des troubles graves... Le virus Zika commence à révéler sa vraie nature et les risques pour la santé publique mondiale qu’il représente.

Transmis par les moustiques Aedes aegypti, le virus Zika ne cesse d’étendre son empreinte sur le monde. Venu d’Océanie, cet arbovirus, cousin du virus de la dengue, est resté confiné en Afrique et en Asie jusqu’en 2007 avant d’être signalé dans des îles du Pacifique, puis, ces dernières années, sur le continent américain (1). Au printemps 2014, les premiers cas ont été détectés au Chili. En mai 2015, le Brésil a été touché. À partir de l’automne, le virus a été détecté en Colombie, au Salvador, en Guyane française, au Guatemala, au Honduras, au Mexique, au Panama, au Paraguay, au Suriname et au Venezuela. Les États-Unis ont enregistré les premiers cas à Puerto Rico en décembre. Le 8 janvier 2016, l’Agence régionale de santé de la Martinique a confirmé 8 cas d’infections sur l’île et que 150 autres étaient suspects.
La forte croissance de cette épidémie a mis en doute l’hypothèse de bénignité qui était auparavant associée au virus Zika. L’épidémie survenue entre 2013 et 2014 en Polynésie française semble ainsi corrélée à une hausse de l’apparition de complications neurologiques sévères, telles que le syndrome de Guillain-Barré et des malformations neurologiques congénitales. Et l’actuelle épidémie au Brésil apparaît associée à une très forte augmentation des cas de microcéphalie chez les nouveau-nés dont la mère a été infectée (2). « Ces anomalies sont-elles dues uniquement au virus Zika ou à la circulation conjointe d’autres agents infectieux ou à d’autres facteurs, questionne Dominique Rousset, responsable du laboratoire de virologie et du Centre national de référence des arbovirus à l’Institut Pasteur de Guyane. Des projets de recherche multidisciplinaires doivent être mis en place pour tenter de répondre à ces interrogations. D’ores et déjà, nous nous appliquons à mieux connaitre ce virus et comprendre son évolution, ce qui passe notamment par le renforcement des outils de diagnostic. »
Il n’existe aujourd’hui aucun traitement contre les infections au virus Zika. Mais la recherche avance. L’Institut Pasteur de Guyane a publié la première séquence complète du génome du virus circulant en Amérique, à partir d’un échantillon prélevé au Suriname (3). Son analyse montre que cette souche virale est issue d’un lignage asiatique et qu’elle présente plus de 99 % d’homologie avec celle responsable de l’épidémie en Polynésie française de 2013. « Jusqu’ici, peu de séquences intégrales de ce virus et aucune de la souche circulant actuellement en Amérique du Sud et en Amérique Centrale n’étaient disponibles, indique Dominique Rousset. L’obtention de la séquence complète du virus est un point de départ important pour mieux comprendre l’évolution de son comportement. »

(1)Attar N (2016) Nat Rev Microbiol, doi:10.1038/nrmicro.2015.28
(2) Dyer O (2015) BMJ 351, h6983
(3) Enfissi A et al. (2016) Lancet, doi:10.1016/S0140-6736(16)00003-9

A. ægypti
© Science Photo Library/Agentur Focus

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