Archicebus secoue l’arbre des primates55 millions d’années. Voici l’âge approximatif du squelette mis au jour dans une province du centre de la Chine par des chercheurs du Musée américain d’Histoire naturelle de New York, en collaboration avec l’Académie chinoise des sciences, l’Université du Nord Illinois, l’Université Northwestern à Chicago, le Synchrotron de Grenoble et le Musée Carnegie d’Histoire naturelle de Pittsburgh. Datant de l’Éocène précoce, il devient le plus ancien spécimen jamais découvert et définit une nouvelle espèce fossile : Archicebus achilles.
Au-delà du simple record, ce petit primate aurait vécu à l’époque de la divergence entre la branche des tarsiiformes – infra-ordre auquel appartiennent les tarsiers – et celles des anthropoïdes – la nôtre. C’est ce que suggère l’étude de ce squelette articulé et quasi-complet.
Pour recueillir le maximum d’informations sans endommager le spécimen, les paléontologues se sont adressés à l’Installation européenne de rayonnement synchrotron de Grenoble afin de construire une modélisation en trois dimensions d’Archicebus par microtomographie synchrotron. Les données indiquent que le primate pesait à peine 30 grammes, était pourvu d’une longue queue et certainement arboricole. « Archicebus est radicalement différent des autres primates vivants ou fossiles connus, commente Christopher Beard, du Musée Carnegie d’Histoire naturelle de Pittsburgh. Il ressemble à un hybride bizarre avec des pieds de petits singes, des bras, des jambes et des dents de primates très primitifs et un crâne portant de grands yeux. [Cette découverte] nous oblige à réécrire l’évolution de la lignée anthropoïde. » Elle renforce aussi l’idée que l’Asie est le berceau des primates et non l’Afrique comme cela a été longtemps admis.
Ni X et al. (2013) Nature, doi:10.1038/nature12200
Reconstitution 3D du pied gauche d’A. achilles
© P. Tafforeau (ESRF), X. Ni (Chinese Academy of Sciences)
Crédits Photos :
© P. Tafforeau (ESRF), X. Ni (Chinese Academy of Sciences)
© X. Ni/Académie chinoise des sciences
© M.A. Klingler/Carnegie Museum
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