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La génomique relie l’Australie et l’Inde

mardi 15 janvier 2013

par Agnès Vernet

Des analyses génomiques révèlent un contact inattendu entre l’Inde et l’Australie, remettant en cause l’isolement relatif de l’île-continent.

Depuis sa colonisation, il y a 40 000 à 60 000 ans, il est largement admis que l’Australie est restée coupée du monde jusqu’à l’arrivée des européens au XVIIIe siècle. Cette assertion est aujourd’hui remise en cause par les travaux de chercheurs de l’Institut Max Planck d’anthropologie évolutionnaire de Leipzig, de l’Université Diliman des Philippines, du Centre médical de l’Université Erasmus de Rotterdam, soutenus par la société deCODE Genetics. Ce consortium international a ainsi analysé 458 308 polymorphismes d’un nucléotide simple issus de 344 individus de groupes d’intérêt : les aborigènes australiens, les papous de Nouvelle-Guinée, des îles du Sud-Est asiatique, de différentes localités indiennes ainsi que de Chine, d’Afrique et d’Europe.
Les résultats confirment l’hypothèse d’une colonisation de l’Australie par une « route du Sud » qui aurait longé les côtes via la Péninsule arabique et l’Inde. Ils montrent aussi que, il y a 36 000 ans, les populations d’Australie, de Nouvelle-Guinée et Mamanwa – groupe autochtone des Philippines – se sont séparées à partir d’un même ancêtre. Enfin, les chercheurs ont détecté une signature significative d’un apport génétique venu d’Inde il y a 141 générations, soit environ 4 230 ans. Cette incursion génétique avait auparavant été suggérée par certaines analyses d’ADN mitochondrial et du chromosome Y. Les éléments révélés par ces données génomiques confirment l’existence d’un contact entre des populations venues d’Inde et les aborigènes australiens bien avant l’installation des européens. Ces résultats sont par ailleurs confortés par la coïncidence de ce contact avec des améliorations technologiques ou alimentaires documentées par l’archéologie, comme l’utilisation d’outils microlithiques et l’apprentissage de techniques complexes de détoxication de certaines plantes, les cycades.
Comprendre comment des populations indiennes ont rencontré l’Australie reste un véritable défi, l’hypothèse d’une venue via l’Asie du Sud-Est s’avérant très invraisemblable, les données génomiques ne montrant aucune signature génétique indienne dans ces populations.

Pugach I et al. (2013) Proc Natl Acad Sci USA,
doi:10.1073/pnas.1211927110

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