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La « réévolution » est en marche

jeudi 12 juillet 2012

par Agnès Vernet

Des astrobiologistes ont inséré un gène vieux de 500 millions d’années dans une bactérie moderne. Après 500 générations, les cellules ont déjà trouvé de nouvelles voies d’évolution.

Pourquoi imaginer les différents chemins évolutifs possibles quand on peut simplement les regarder ? De cette idée – un peu folle – est née un concept : l’évolution paléo-expérimentale. Voilà ce qu’a fait l’équipe d’Eric Gaucher, de l’Institut de technologie de Georgie à Atlanta (États-Unis).
Pionnier en la matière, ce groupe d’astrobiologistes avait déjà déterminé la séquence génétique – telle qu’elle devait être il y a 500 millions d’années – d’un facteur d’élongation : l’EF-Tu. Ce type de protéine est très abondant chez E. coli et indispensable à la survie de toutes les formes de vie cellulaire. C’est cette séquence, surgissant du passé, qu’ils ont inséré à l’exacte position du gène moderne. Ils ont ainsi créé huit nouvelles souches d’E. coli, toutes identiques, afin d’observer leur « réévolution ».
Ces souches chimériques présentaient un taux de croissance très inférieur à celle de leur cousine entièrement moderne. Rapidement, les E. coli chimériques ont rattrapé la vitesse de leurs cousines modernes. Après 500 générations, les chercheurs ont séquencé les génomes bactériens pour connaître les mutations des bactéries en « réévolution ». Étonnamment, les gènes anciens n’ont pas muté afin de se rapprocher de la version moderne. Ce sont plutôt les protéines modernes en interaction avec la EF-Tu qui ont évolué pour mieux s’associer avec les protéines ancestrales, dans les huit lignées chimériques. Ces résultats intermédiaires ont été présentés à l’occasion de la NASA International Astrobiology Science Conference, en avril dernier. L’expérience a été conçue pour 1 000 générations. L’évolution est toujours en marche à Atlanta. À suivre…

Source : Georgia Institute of Technology

Gaucher EA et al. (2008) Nature 451, 704

© Georgia Institute of Technology

Betül Kaçar et ses bactérie « réévoluées »

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