Connaissez-vous l’acide nucléique peptidique (ou ANP) ? C’est un polymère de bases puriques ou pyrimidiques construit sur un squelette de N-(2-aminoethyl)-glycines (AEG) reliées par des liaisons peptidiques. Utilisés comme ARN antisens en biologie moléculaire ou pour des thérapies innovantes, certaines théories les proposent comme molécules génétiques primaires, qui pourraient avoir été le support de l’information génétique avant les ARN, lesquels précèderaient l’ADN dans la généalogie du codage du vivant. Mais jusqu’à présent, les ANP n’avaient jamais été retrouvés à l’état naturel et étaient toujours issus de procédés synthétiques. Leur rôle dans l’histoire de l’information biologique restait donc très hypothétique. Jusqu’à présent car deux équipes, de l’Institut d’ethnomédecine de la ville de Jackson Hole, aux États-Unis, et de l’Université de Stockholm, en Suède, se partagent la découverte d’AEG chez différentes espèces de cyanobactéries. La présence d’AEG semble même répandue parmi ces organismes primitifs.
Les biologistes ont ainsi identifié cette brique d’acide nucléique peptidique dans des échantillons issus des collections de l’Institut Pasteur ou prélevés sur l’île de Guam (dans l’océan Pacifique), au Japon, au Qatar ou encore dans le désert de Gobi en Mongolie. Des résultats assez fiables puisque que les deux laboratoires ont travaillé indépendamment sur les mêmes échantillons. Les biologistes ont ainsi construit des cultures axéniques de cyanobactéries, c’est-à-dire dans lesquelles les organismes sont cultivés en milieu stérile et isolés de toute autre forme de vie, puis détecté la présence d’AEG par chromatographie en phase liquide couplée à la spectrométrie de masse.
Ces éléments pèsent lourdement en faveur de l’existence d’ANP naturels, produits dans ce cas par des cyanobactéries. Mais de là à confirmer qu’il s’agit bien de la molécule génétique primaire, le chemin est encore long.
Banack SA et al. (2012) PLoS ONE 7(11), e49043
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